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Le Figuier de Barbarie se mouille pour qu'il fasse beau !
5 mai 2008

Le poids de l’illusion, histoire légère

Bonjour,

Voici un texte que je soumets à vos commentaires. N’hésitez pas à m'en faire part via les commentaires ou par email, sur la forme (orthographe, syntaxe…) ou le fond.

Au plaisir de vous lire.

Jim.

Madou déjeunait face à Mada dans la tranquillité offerte par les murs pierres d’une pièce étroite surplombée d’une mezzanine. Un rempart de vapeurs s’élevait du plat qu’ils dégustaient tous deux : lui à pleines dents, elle à fine bouche. Ce jour-là, deux poignées de petits pois, quatre gésiers, un bol de bouillon épicé et deux œufs très durs s’invitaient au menu. Mot ne transperçait ; le silence planait : on n’entendit que les ailes mouches, les chants bouches et la danse louche. Il en était ainsi depuis vingt ans que ce couple faisait lit commun.

À l’instar d’autres villageois, Madou s’étonnait de la corpulence de Mada. Il la voyait continuellement prendre du poids, elle qui, naguère, fut si menue, si frêle. Comment peut-on être aussi gros ? se demandait-il. D’autant que, au contraire de lui qui utilisait une cuillère en bois pour manger, elle employait une aiguille de couturier.

Une aiguille…

Elle picorait un à un les grains de lentilles ou de riz, évitait les légumes découpés, et refusait la viande et autres aliments consistants.

Au déjeuner, à peine attablée, Mada semblait déjà rassasiée des quelques grains de petits pois piqués. Pas possible ! jugea Madou, lui qui, malgré le bon appétit, restait chétif. Il l’épia sous ses sourcils broussailleux. Elle trônait de sa masse sur la natte en raphia à même le sol, devant la table basse, deux lattes et trois clous, qui les séparait. Une motte de foin, elle roulerait à la force du vent, pensa-t-il. Un long sari l’enveloppait ; sans motifs, mal vieilli, le tissu lui rappela les sacs de blé en jute. La mine accablée, elle bouleverserait la Méduse Gorgone, médit-il. Engourdie comme dans un vilain songe, elle tendit le bras lentement, à mesure qu’elle clignait les cils. À chaque bouchée, elle poussait un soupir de peine ; elle ruminait, jouissait, souffrait, ruminait… Et on entendit les ailes mouches, les chants bouche et la danse louche.

Mystérieux ! pensa Madou, contemplant sa moitié alors qu’elle éperonnait un petit pois, un tel embonpoint et si peu de voracité à la fois, cette créature gargantuesque doit détenir un secret. « Tu n’as rien mangé, ce soir, demanda-t-il gêné de trahir un ton inquisiteur… Es-tu malade ? » ; « Ne t’en fais donc pas ! répondit-elle hors d’haleine, une terrible migraine me tenaille. »

Tel un morveux, il but le bol de bouillon épicé sans avoir assouvi sa curiosité.

Au dîner, Madou assistait, ébahi, à une scène similaire : le repas était succulent comme à l’accoutumée, mais Mada butinait. « Tu devrais te nourrir un peu tout de même, dit-il, tu risques de tomber malade » ; « Ah ! si tu savais ! dit-elle, des brûlures à l’estomac me coupent l’appétit ; je ne peux rien avaler. » ; « Dommage ! » ironisa-t-il.

Peu convaincu de ces réponses, le villageois décida, à la digestion, de rejoindre ses compères et soumettre son imbroglio à leurs sciences. « Ah ! tiens, c’est curieux, mon épouse est très forte aussi, mais c’est que je la nourris bien », dit le premier ; « La mienne a des rondeurs aussi mais elle a depuis toujours aimé manger », dit le second ; « A moins que la mère de tes enfants n’ose pas te révéler la maladie qui la frappe », dit le troisième ; « Et s’il y avait un parasite dans ta farine », dit le dernier.

Les savantes analyses de ses acolytes ne satisfirent guère le mari préoccupé qui désespérait de comprendre l’obésité injustifiée de sa dame. L’angoisse de passer une nuit de plus dans l’ignorance le gagnait.

Sur le chemin du retour, alors qu’il s’empêtrait dans ses élucubrations, une idée lui redonna espoir : prétexter un voyage et percer le secret de sa femme. Alors, au petit matin, Madou quitta la maison et dévala la colline en direction de la ville. Il rebroussa chemin peu après la première étoile, se glissa par la lucarne de la mezzanine laissée entrouverte, puis, impatient de ce qu’il allait découvrir, se faufila parmi les sacs de denrées alimentaires, s’installa et observa la nuit. Mada s’endormit sans se douter de la ruse que lui concoctait son bien-aimé.

A l’aube, Mada s’enfonça dans la pièce de la mezzanine, en obstrua l’entrée. Son empâtement n’avait cependant d’égal que son ardeur au travail, contrairement à l’habitude : elle vida un seau de semoule dans un bac d’eau, fit valser sur les braises à l’entrée de la pièce un chapon déplumé, cuisina un pain au froment, et s’empara de carottes, tomates, courgettes, oignons…, de quoi restaurer une tribu, qu’elle versa dans un fait-tout réservé aux grandes occasions. La grillade libéra un nuage de fumée qui chatouilla les narines de l’espion embusqué. « Pour qui tant de nourriture, des convives que j’ai omis d’accueillir ? » murmura-t-il.

Quelques effluves plus tard, voilà fin prêt le repas de la mi-journée. Mada déposa le mets dans un plat en terre cuite digne d’une famille nombreuse, s’attabla et entama le festin : elle retint le souffle, la main droite agrippa les légumes fumants, la gauche happa une cuisse de volaille qui encombrèrent la bouche. La femme peina à respirer et ne sut où donner de la tête, tout lui paraissait exquis. Des complaintes d’exaltation s’expulsèrent : « Mmm ! quel délice ! », « Que cette semoule est fine et légère ! », « Que ces légumes sont savoureux et tendres ! », « Que ces pois chiche sont fermes !»,  « Que ce coq est délectable ! »… Cuillérées après cuillérées, point d’aiguille, elle avala, haleta : le gras miroitait sur les joues joufflues, le bouillon ruisselait aux commissures des lèvres, les os gisaient sur la table, le thé et la galette au froment faisaient souvenir.

Misérable dans sa tanière, Madou contempla la vigueur de sa légitime au geste vif et au regard avide qu’il ne lui connaissait pas. Il assista à un carnage truculent. Quel goinfre ! se dit-t-il, en ma présence, elle picote comme un poussin et, le dos tourné, elle désosse la basse-cour ! Voilà pourquoi cet embonpoint!

Trois jours durant, parmi les souris et les blattes, il admira ainsi la gloutonnerie de sa femme.

La dernière nuit, tandis que Mada ronflait pareille à un dromadaire en rut, que les légumes dansaient dans sa panse, au milieu d’un parterre de grains de semoule, sous le chant du coq, Madou s’éloigna de la maison, abasourdi par ce qu’il venait de vivre. Mais il se sentait soulagé car il avait percé le secret de sa conjointe. Puis, il échafauda un subterfuge justifiant son retour précoce du prétendu voyage et, par un habile phrasé, témoigna ses péripéties : « Après trois jours et trois nuits d’aventures, dit-il, j’y suis arrivé. Une pluie de semoule s’est abattue sur moi, et si je ne m’étais abrité sous un galet au froment, par la foudre j’aurais connu le sort du chapon braisé. »

Lentement, Mada cligna des cils, lâcha un soupir affecté et s’en alla entre les murs pierres de la pièce étroite surplombée d’une mezzanine.

Jim Selouane

Avis à commentaires

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Commentaires
N
redécouvrir les senteurs du passé au fil de la lecture...<br /> merci de me prévenir dès qu'il sera disponible a la vente<br /> nadia
R
Dans ma famille on utilise la technique présentée dans ce E-Book gratuit ( http://www.encyclogoji.com/node/72 ) qui présente 8 règles à respecter pour atteindre un poids santé, qui ne coûte rien pour la plupart, jumelé à une consommation de Goji ( http://www.buygojifruits.com ). Les résultats sont assez impressionnants... du moins en ce qui concerne notre expérience.
A
le site de l association nationale du cactus au Maroc<br /> www.anadec.africa-web.org
A
INTRODUCTION<br /> <br /> En 1989, lors du premier congrès international sur la plante du cactus qui s’est tenu au Mexique, les participants à cette rencontre scientifique furent convaincus que cette plante pourra faire l’objet d’un choix, au niveau mondial, afin de mettre fin à la famine et à la malnutrition. Elle peut aussi se substituer à plusieurs denrées alimentaires traditionnelles. Ainsi le cactus est considéré comme ‘’aliment du futur’’ pour un grand nombre d’habitants et comme source d’une « alimentation nutritive’’ bon marché pour les personnes dont le revenu est limité et aussi pour les riches consommateurs, surtout dans les régions arides et semi-arides. Le cactus promet des récoltes importantes grâce à sa capacité de résister à la sécheresse, peut réaliser une grande production alors que sa culture ne nécessite pas de gros efforts. En outre, il a un rôle écologique puisqu’il sert à enrichir le sol, à protéger l’écorce terrestre de l’érosion et de l’affaissement. Par conséquent, il est un moyen qui préserve l’environnement et lutte contre la désertification.<br /> <br /> Tous les faits précités ont amené, durant ces dernières années, à s’intéresser continuellement au cactus ; ainsi un ensemble d’études et de recherches a été entrepris sur cette plante, ce qui a engendré l’amélioration de ses techniques culturales pratiquées de façon intensive et moderne,et dans quelques pays, on a recours aux techniques de productions les plus modernes telles que la fertigation et l’irrigation au goute–à-goute, l’implantation des pépinières du cactus fruitier par le moyen de l’accroissement manufacturé, la production des variétés de figues de Barbarie sans pépins, l’agrandissement des surfaces de culture de cette plante, la diffusion de ses différents produits dans le marché mondial…<br /> Le Maroc, comme beaucoup de pays, porte un grand intérêt au cactus. D’où l’idée de réaliser ce modeste ouvrage pour sensibiliser les gens et attirer leur attention sur cette plante qui est liée, pour certains, à la pauvreté et à l’ignorance. Par ailleurs, ce livre vient combler le manque et la rareté ou plutôt l’inexistence des références dont souffre, jusqu’à nos jours, la bibliothèque arabe puisqu’on n’ y a trouvé aucun ouvrage consacré à cette plante. Sur ce, le livre qui est entre vos mains, cher lecteur, est considéré comme une première au Maroc, voire dans le monde arabe, car et pour la première fois, un tel livre y est édité.<br /> <br /> <br /> <br /> 7<br /> Dans ce livre, nous allons en premier lieu, aborder du cactus en exposant ses propriétés médicinales, ses qualités alimentaires découvertes lors des recherches et études exhaustives. Ces recherches assurent que le cactus a une grande capacité de guérir les maladies du siècle comme le diabète, le cholestérol, l’obésité, l’artériosclérose, les troubles gastriques et l’ulcère, les troubles de l’appareil urinaire, le cancer de la prostate et du colon, l’angoisse, peur, inquiétude chronique, spasmophilie, hypocondrie….<br /> <br /> A cet égard, nous pouvons parler de la (cactothérapie) qui est la thérapie par le cactus. Là, nous signalons, avec honneur et fierté, que le terme (cactothérapie) figure dans le dictionnaire, pour la première fois, grâce à son emploi dans ce livre.<br /> <br /> Nous allons ensuite dénombrer quelques possibilités de valorisations du cactus dans plusieurs domaines comme les industries agro-alimentaires et pharmaceutiques, cosmétique, production de l’énergie, construction, l'alimentation animale et la production du rouge carmin de la cochenille…<br /> <br /> La plus grande partie de ce livre sera consacrée aux recettes culinaires relative à cette plante. Nous avons utilisé, en particulier, la farine du cactus comme produit nouvellement découvert ayant un avenir prometteur dans le domaine de la diététique de la nutrition bio, qui fait actuellement partie des programmes de soins de plusieurs maladies.<br /> <br /> Un groupe de cuisiniers professionnels ont réalisé les recettes de cet ouvrage sous la direction d’un grand chef de renommée internationale. Celui-ci est considéré comme le précurseur de l’art culinaire marocain et international. Il s’agit de chef Kama Bouchaib, ex-chef exécutif d’un groupe de chaînes hôtelières et internationales. Grâce à sa sagesse et aux expériences acquises pendant plus de quarante ans, il a essayé de préparer des recettes pour faire convenir les saveurs au goût arabe. Il a utilisé les recettes marocaines comme point de départ avec une ouverture sur celles provenant de l’Amérique latine et du pays du bassin méditerranéen.<br /> Nous vous invitons maintenant à découvrir les points de repère de cette magnifique et légendaire plante qui mérite d’être citée parmi les miracles de la nature. <br /> <br /> ABDELHADI DOUKKANE <br /> (Auteur du livre : CACTUS : PLANTE DU FUTUR) <br /> Email :sobbar3@gmail.com <br /> tel:079 62 30 94
T
Les + : une histoire légère, qui rejoint presque le genre « conte populaire » ; des phrases amusantes<br /> <br /> Les - : mélange d’expressions familières et de constructions plus travaillées qui alourdissent le style et le rende un peu inharmonieux… (ex : « Mot ne transperçait ; « …soumettre son imbroglio à leurs sciences » / « tel un morveux », « quelle goinfre »)<br /> Sur le fonds, on ne comprend pas le personnage de Madou, un peu au cœur de l’histoire. Est-il naïf ? suspicieux ? Le fait de ne pas connaître le personnage dès le départ nous déroute sur son intention de « perçer le secret de l’obésité de sa femme » : est-ce pour piéger Mada ? satisfaire sa curiosité ? apaiser une angoisse, une culpabilité ?... Pour le coup, le dénouement présente des maladresses alternant des moments de surprises et des effets malheureusement trop prévisibles.
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